
Altruisme ou syndrome de l’imposture ?
Il y a des pensées qu’on traîne sans même s’en rendre compte. Des idées qu’on croit être les nôtres mais qui viennent en réalité de plus loin : de notre éducation, de la société, ou même de l’époque dans laquelle on a grandi.
Si vous avez déjà proposé de travailler gratuitement ou bradé vos tarifs en pensant faire une bonne action, cet épisode risque de vous parler. On va questionner ensemble cette idée d’altruisme, et voir en quoi elle peut parfois cacher un profond sentiment d’illégitimité.
Et si vous sentez que vous avez tendance à vous excuser d’exister, à procrastiner, ou à avoir du mal à assumer vos prix, alors peut-être que ce que vous prenez pour de la modestie ou de la gentillesse est en réalité une forme d’auto-sabotage.
✨ Écoutez cet épisode pour découvrir :
- Ce que des aspirateurs oubliés dans un placard ont à voir avec vos pensées limitantes 😅
- Pourquoi certains artistes bradent leur travail au nom de leurs « bonnes valeurs »
- Ce qui peut réellement vous aider à sortir de l’auto-sabotage
L’objectif avec cet épisode : planter une petite graine. Une graine de conscience, de remise en question, et surtout, une invitation à vous autoriser enfin à réussir.
✨Dans cet épisode, j’ai parlé de :
Transcription générée avec l’intelligence artificielle (elle peut être incomplète par rapport à l’épisode).
Altruisme ou syndrome de l’imposture ?
Il y a quelques jours, j’ai regardé le documentaire “De rockstar à tueur : le cas Cantat” sur Netflix. Ce film revient sur l’affaire tragique impliquant Bertrand Cantat et Marie Trintignant. En 2006, sur le plateau de Thierry Ardisson, Lio avait pris la parole pour affirmer haut et fort que “l’amour n’apporte pas la mort”, et exprimer son indignation face aux tentatives de minimiser la responsabilité de Bertrand Cantat. Elle voulait défendre la mémoire de son amie Marie, dont l’image avait été sans cesse attaquée.
Pourquoi je vous parle de cela aujourd’hui ? Parce que j’ai vécu ces événements en direct, avec le regard de l’époque. Et même si certains disent que les mentalités n’ont pas évolué sur les questions de violences faites aux femmes, je crois que si, certaines choses avancent. Idem pour le harcèlement : au collège, c’était monnaie courante, aujourd’hui, ces actes sont plus souvent dénoncés. Mon regard humaniste et positif me pousse à croire qu’il existe des signes encourageants de changement.
Et c’est exactement ce que j’aimerais que vous reteniez de cette introduction : on peut parfois passer des années sans voir ce qui cloche, tant une idée ou une croyance est ancrée dans notre culture. Jusqu’à ce qu’une expérience, une discussion ou un déclic nous fasse voir les choses autrement.
Décortiquer ses croyances limitantes pour avancer
Tout comme certaines prises de conscience collectives, nos prises de conscience personnelles peuvent avoir un impact profond sur notre manière de penser et d’agir. Il en va de même dans notre vie professionnelle. Si vous ressentez un blocage dans votre activité, il est probable qu’il soit lié à une pensée héritée, à un modèle que vous reproduisez sans même vous en rendre compte.
Imaginez : vous faites du tri dans votre appartement et vous découvrez des objets que vous n’utilisez plus depuis des années. Vous les avez gardés par habitude, sans réfléchir. Il en va de même avec les croyances que nous trainons depuis toujours : des pensées du type “je ne suis pas assez bon”, “je n’ai pas fait d’école d’art”, “je n’ai pas assez de talent”. Ces croyances sont comme ces objets : inutiles, encombrants, et surtout pesants.
Le syndrome de l’imposture fonctionne de cette manière. Il vous souffle que vous n’êtes pas à votre place, que vous avez trompé tout le monde, que votre réussite n’est que le fruit du hasard. Et vous finissez par adopter des comportements qui freinent votre progression. Ce sentiment est sournois, parce qu’il agit en silence. On a l’impression qu’il fait partie de nous, alors qu’en réalité, il nous a été inculqué à travers des expériences, des injonctions sociales ou des discours dévalorisants.
Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut commencer par identifier ces croyances. Mettre de la lumière sur elles. Et surtout, comprendre qu’on peut choisir d’en changer. Il est possible de remplacer ces idées limitantes par des pensées plus soutenantes, plus justes. C’est un processus inconfortable, mais libérateur.
Altruisme ou syndrome de l’imposture camouflé ?
Depuis 2020, j’accompagne des illustrateur·trice·s dans leur développement professionnel. Et ce que j’observe, c’est que beaucoup se battent avec ce fameux syndrome de l’imposture. Là où ça devient pernicieux, c’est quand ce sentiment se déguise en altruisme. Je vous explique.
Récemment, une jeune artiste m’a contactée pour me demander mon avis sur un devis. Elle souhaitait proposer ses services gratuitement à une petite entreprise “parce qu’ils n’ont pas beaucoup de budget”. Sur le papier, c’est généreux. Mais dans les faits, c’est dangereux.
D’abord pour elle, parce que son temps et son travail ont une valeur. Et qu’elle ne pourra jamais vivre de son activité en faisant des cadeaux à tout le monde. Ensuite pour la profession, parce que ce type de comportement contribue à entretenir l’idée que l’art n’a pas de valeur, qu’on peut toujours négocier, demander des remises, voire du gratuit.
Soyons clairs : l’altruisme, le vrai, consiste à offrir, à aider, sans s’oublier. Le syndrome de l’imposture, lui, pousse à se dévaloriser en se cachant derrière de fausses bonnes intentions. On propose des prix au rabais, on fait du travail bénévole non sollicité, on s’excuse d’exister. Et on appelle ça de la générosité. Mais ce n’est pas ça.
L’altruisme ne doit jamais servir d’excuse à votre syndrome de l’imposture. Vous pouvez être éthique ET facturer correctement. Vous pouvez faire preuve de solidarité, soutenir des causes, offrir ponctuellement votre travail à des associations choisies, sans pour autant saboter votre propre entreprise.
Il n’y a rien de noble à se dévaloriser. L’authentique générosité se manifeste quand on est aligné·e avec ses valeurs, pas quand on cède à la peur de ne pas être à la hauteur.
Comment sortir des schémas d’auto-sabotage
Alors, que faire si vous vous reconnaissez dans ces comportements ? Voici quelques pistes concrètes :
- Prenez conscience de vos automatismes. Procrastination, perfectionnisme, doutes récurrents, dévalorisation : ce sont souvent les symptômes d’un syndrome de l’imposture bien installé. Observez vos pensées sans jugement. Identifiez les moments où vous vous freinez inconsciemment.
- Clarifiez vos valeurs. Pourquoi faites-vous ce métier ? Qu’est-ce qui vous anime ? Plus vous serez sûr·e de votre intention, plus vous pourrez poser des limites saines. Et plus vous saurez affirmer votre valeur sans culpabiliser.
- Passez à l’action. Rien ne désactive mieux le syndrome de l’imposture que l’expérience. Faites, testez, lancez-vous, même si vous doutez. L’action prouve à votre cerveau que vous êtes légitime. Elle crée de nouvelles connexions.
- Entourez-vous. Rejoignez une communauté de pair·e·s. Partagez vos doutes, vos avancées, vos victoires. Le syndrome de l’imposture adore l’isolement. L’entraide est un antidote puissant.
- Réconciliez-vous avec le marketing. Montrer votre travail, ce n’est pas être arrogant·e. C’est juste offrir une chance à vos créations de rencontrer leur public. Pensez à votre communication comme à une vitrine : soignée, sincère, à votre image.
- Autorisez-vous à réussir. La réussite n’est pas réservée à une élite. Elle a autant de formes qu’il y a d’artistes. Créez votre propre définition, et permettez-vous d’y accéder.
Créer un modèle pro aligné avec ses valeurs
Ce que j’ai appris au fil de mes échanges avec d’autres artistes, c’est qu’il existe une infinité de modèles professionnels. Et qu’on peut tous les adapter à nos besoins, notre personnalité, notre énergie.
Certain·e·s artistes ont fait le choix de garder un emploi alimentaire pour créer librement. D’autres, comme Marion Romain, adoptent une communication slow, douce, personnelle. Elle refuse de se plier aux injonctions de performance et préfère créer un lien sincère avec son audience, à son rythme.
Vous n’avez pas besoin de tout montrer. Vous pouvez garder votre visage, votre vie privée, votre processus pour vous. Vous pouvez créer un modèle hybride, saisonnier, cyclique. Vous pouvez avoir 1000 followers et vivre de votre art. Vous pouvez aussi vouloir percer, gagner en visibilité, viser grand. Les deux sont valides.
Ce qui compte, c’est d’être en paix avec votre façon d’exister en tant qu’artiste. D’arrêter de penser que réussir est incompatible avec l’éthique, l’altruisme ou la sensibilité. Au contraire, ce sont ces qualités qui feront de vous un·e artiste puissant·e, marquant·e, inoubliable.
Pour conclure,
Si je devais résumer cet épisode en une image, ce serait celle-ci : aujourd’hui, je plante une graine. Une petite graine de déconstruction. Une graine d’affirmation. Une graine de confiance.
Et si vous en prenez soin, cette graine peut germer. Lentement peut-être, mais durablement. Elle peut faire naître une nouvelle façon de voir votre travail, de penser votre rapport à l’argent, à la visibilité, au succès.
Vous avez le droit d’aimer aider les autres, de faire preuve d’altruisme, tout en étant justement rémunéré·e. Vous avez le droit de douter, de ressentir le syndrome de l’imposture, mais vous avez aussi le pouvoir de le déjouer.
Commencez par un pas. Puis un autre. Et souvenez-vous : certaines décisions ne se pensent pas. Elles se vivent. Elles se dessinent, comme vos illustrations.
Bon courage, et à très bientôt.
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L’avis de la semaine
Très intéressant !
⭐⭐⭐⭐⭐
Belle découverte. Podcast riche et instructif pour les entrepreneurs créatifs, j’aime beaucoup le ton naturel et plein d’humilité d’Élodie. Je ne suis pas illustratrice même si le dessin fait partie de mon travail (créatrice/styliste/photographe) mais je me retrouve dans à peu près tous les sujets abordés ! Routines, créativité, problèmes admin, penchant geek,… bravo !
— Philomène