
Le mythe de l’artiste né·e avec du talent
ou comment sortir de la croyance qu’on doit être “doué·e” pour réussir dans l’illustration
Vous entendez souvent “Toi, t’as un don !”? Ou à l’inverse, vous vous dîtes peut-être que vous n’avez pas ce “truc en plus” pour vivre de votre art ? Dans cet épisode, on démonte ensemble cette idée tenace que le talent serait inné et réservé à une poignée d’élu·es.
✨Écoutez l’épisode pour découvrir :
- Pourquoi les mots qu’on utilise peuvent nous freiner sans même que l’on s’en rende compte
- Ce que les clients recherchent vraiment quand ils choisissent un·e illustrateur·trice
- Comment vous tenir au courant de ce qui est recherché en illustration
Et plein d’autres choses !
✨Dans cet épisode, j’ai parlé de :
Skydoll – Barbara Canepa et Alessandro Barbucci
Hélène Cayre – #79 : Une artiste qui combine plusieurs styles artistiques
Blachette – #52 – Comment mettre en avant ses valeurs pour attirer sa cible idéale
Laura Lhuillier – #70 – Illustration : craquer le code de l’illustration commerciale
Laura TravelBook – #122 – Cette illustratrice partage ses moments de vie dans ses carnets
Transcription générée avec l’intelligence artificielle (elle peut être incomplète par rapport à l’épisode).
Bonjour à tous et à toutes. J’espère que vous allez bien. Moi, c’est Élodie. Bienvenue dans l’Illustration Podcast.
Aujourd’hui, on va parler du mythe de l’artiste né avec un don.
Si vous avez l’impression qu’il y a de l’écho, je le sais, c’est un souci au montage. Mais c’est aussi normal : je suis arrivée dans mon appartement parisien, il n’y a aucun meuble, pas grand-chose, donc forcément ça résonne. Désolée pour ça.
Peut-être que dans votre cas, on vous a déjà dit cette phrase. Peut-être que vous l’avez déjà entendue si vous dessinez — j’imagine que vous dessinez, si vous m’écoutez. Quelqu’un vous a peut-être déjà dit :
« Ah, mais toi, t’as un don. »
Ou alors, peut-être qu’à l’inverse, vous vous dites :
« Je n’ai pas ce don, c’est justement ce qu’il me manque pour devenir illustrateur ou illustratrice professionnelle. »
On va parler de tout ça.
Ce qui est sûr, c’est que ce mythe, on l’entend beaucoup. Pas plus tard qu’il y a quelques jours, quelqu’un sur Instagram m’a dit que je dessinais bien les visages et que, je cite, « ce n’était pas donné à tout le monde ».
Alors, bien évidemment, il n’y avait rien de méchant là-dedans, c’était au contraire un compliment. Mais moi, je pense profondément que les mots ont un sens, qu’ils forgent notre esprit, notre façon de penser. Et le fait de dire « ce n’est pas donné à tout le monde », implicitement, ça veut dire que j’ai un don. Que moi je peux le faire, mais que ce n’est pas accessible à tout le monde.
Il y a vraiment le mot « don » dans cette expression. Ce sont des mots qu’on emploie comme ça, à la va-vite, qu’on ne pense pas importants. Mais en réalité, ils forgent notre esprit, notre façon de penser. Et ils renforcent ce mythe de l’artiste doué depuis la naissance.
Pour ma part, j’ai toujours dessiné les visages, et particulièrement les yeux. Quand j’étais ado, je m’amusais à dessiner des lignes, et des lignes, et des lignes d’yeux. Je me rappelle aussi que j’observais les yeux de mes camarades d’école. Je les comparais : les yeux en amande, les yeux tombants, les yeux expressifs, etc. Bref, j’ai passé beaucoup de temps à observer et à dessiner.
Donc tout ça pour vous dire que si aujourd’hui je dessine bien les yeux, c’est parce que j’ai travaillé. C’est juste du travail. Ce n’est pas du tout un don de naissance.
Ce qui revient le plus souvent dans ce genre de discussion avec d’autres personnes, c’est qu’on peut avoir une certaine sensibilité pour le dessin, un goût, une passion qui fait qu’on va passer plus de temps à dessiner, qu’on va avoir plus de patience. Et donc qu’on va persévérer, même quand c’est difficile.
Mais ensuite, il faut vraiment passer du temps à travailler pour aligner le geste à l’idée qu’on a en tête.
D’ailleurs, j’en avais déjà parlé dans ce podcast. Mais pour ceux qui débarquent, qui ne connaissent pas trop mon parcours :
Moi, j’ai toujours dessiné. J’ai fait l’école de communication visuelle à Bordeaux après mes études, où j’ai pu apprendre plein de techniques différentes — c’était hyper intéressant. Mais c’est aussi une école dans laquelle j’ai énormément perdu confiance en moi.
Du jour au lendemain, je suis passée de la fille qui dessinait bien dans son collège à une personne lambda, perdue au milieu de plein d’artistes qui dessinaient énormément.
Ça m’a fait perdre confiance en moi, dans cette identité que j’avais : la fille qui dessinait mieux que tout le monde.
En sortant de l’école, je me suis dit que clairement, mon niveau ne serait jamais suffisant pour que des clients veuillent travailler avec moi. Je n’envisageais donc pas du tout cette voie de manière professionnelle.
Ce que je me disais, c’est que même si je dessinais tous les jours, tout le temps, je n’arriverais jamais à rattraper le niveau de certains camarades de classe. Pour moi, l’écart était trop grand.
C’était comme si, malgré mon appétence pour le dessin, je n’avais pas « le truc », le don, ou appelez ça comme vous voulez, qui me permettrait de passer du hobby à la profession.
Pour l’anecdote, à l’époque, mon but ultime, c’était d’arriver à dessiner comme les dessinateurs de skateboards. Vous savez, ceux de chez Alessandro Mutti ou Barbara Canepa. Je ne sais pas si vous connaissez cette référence — si vous êtes plus jeune, peut-être pas — mais autant vous dire que la barre était haute. Allez regarder sur Internet à quoi ça ressemble : c’est du dessin parfaitement maîtrisé.
Bref, tout ça fait que j’ai abandonné le dessin pendant trois ans.
Mais ça m’a rattrapée.
Et d’ailleurs, spoiler alert : sachez que ça rattrape tout le monde à un moment donné.
Si vous avez arrêté le dessin et que vous êtes en train de m’écouter, c’est sûrement que ça vous a repris à un moment. Et sachez que ça nous rattrape toujours, le dessin.
C’est quelque chose que j’ai observé chez moi, chez mes étudiants, et dans ma communauté de manière générale.
Mais ce que j’aurais aimé qu’on me dise à ce moment-là — et là, c’est très important, revenez par ici si vous êtes en train de faire autre chose — c’est que les clients, dans l’illustration de commande, ne recherchent pas la perfection.
Ils ne cherchent pas une perspective parfaite, une anatomie parfaite, etc.
Ce qu’ils recherchent, c’est quelqu’un capable de retranscrire une idée, un brief, avec sa patte, son univers. Quelqu’un qui va savoir transmettre des émotions, une idée, dans l’univers que la marque souhaite communiquer à sa clientèle.
Je veux vraiment que vous compreniez ça : les clients ne cherchent pas le trait parfait.
Ils cherchent quelqu’un capable de répondre à un brief. Quelqu’un qui va produire une image forte, une idée bien traduite visuellement, quelque chose qui capte l’attention et raconte une histoire.
Croyez-moi, quand je suis sortie de l’école en 2005, je n’aurais jamais imaginé pouvoir travailler pour Dior, Rochas, Ladurée, et plein d’autres clients, alors même que mon trait n’était pas parfait.
Et franchement, je vais vous dire quelque chose : ça m’a toujours gonflée de travailler l’anatomie, la perspective, l’architecture, etc. J’aime bien dessiner, mais je n’ai jamais aimé chercher la perfection. Le côté technique, je trouve ça très rébarbatif.
J’ai remarqué que, dans beaucoup de domaines, on a tendance à croire que pour réussir, il faut atteindre la perfection.
Et dans le cas de l’illustration, beaucoup pensent que soit on a du talent, soit on ne l’a pas. Que le talent est un don avec lequel on naît… ou pas.
Le résultat, c’est que beaucoup de personnes n’osent pas se lancer. Ou bien, elles se lancent, mais au premier obstacle, elles se disent que c’est à cause de leur trait, qu’elles ne dessinent pas assez bien — et que c’est ça le problème.
Alors que très souvent, le problème est ailleurs.
Oui, bien sûr, il faut s’améliorer en dessin quand on est illustrateur ou illustratrice professionnelle. Et ça, on le fait généralement tout au long de sa carrière.
Maintenant qu’on a déconstruit un peu ce mythe de l’artiste né avec un don, j’ai envie de vous inviter à vous concentrer sur ce qui fait vraiment la différence quand on veut devenir illustratrice ou illustrateur pro — ou quand on est lancé, mais que ça ne fonctionne pas encore.
Et ça commence par, premièrement, avoir un style ou un univers bien à vous.
Vous m’avez entendu en parler plein de fois dans ce podcast, et ce n’est pas pour rien : c’est vraiment très important.
Si aujourd’hui vous êtes en train de vous dire que vous n’avez pas de style, que vous avez cherché mais que vous n’arrivez pas à le trouver, croyez-moi : vous avez déjà un style.
Il est peut-être encore diffus, pas assez marqué, peut-être trop influencé par tout ce que vous consommez, notamment sur les réseaux sociaux. Mais il est là. Il faut juste l’aider à émerger.
Un style, ce n’est pas quelque chose qu’on choisit, ce n’est pas comme une police d’écriture qu’on sélectionne pour son site ou sa charte graphique.
Notre style, c’est quelque chose qui se clarifie avec le temps, avec la pratique, en rejetant certaines choses, en en abandonnant d’autres, et surtout en étant à l’écoute de ce qui nous attire profondément.
Et surtout : votre style n’émergera jamais si vous attendez de l’avoir trouvé pour produire. Pour créer votre portfolio, etc.
C’est en créant que vous allez commencer à voir ce qui revient souvent, ce que vous faites naturellement, sans y penser, sans brief.
Ce qui vous vient de manière instinctive, ce qui vous plaît, ce qui vous fait vibrer.
Donc oui, pratiquez encore et encore, ça vous le savez. Mais ce que je vous conseille surtout, c’est d’observer ce qui vous plaît.
Créez régulièrement, mais faites aussi du tri, consciemment, régulièrement.
C’est vraiment ce combo-là qui va faire émerger votre univers.
Ça peut passer par le fait de noter les sujets qui reviennent quand vous enregistrez des images, quand vous likez des illustrations sur Instagram ou Pinterest.
Repérez les couleurs que vous choisissez spontanément, ou celles qui vous parlent particulièrement chez les autres.
Et enfin, avoir un style, ça passe souvent par le fait d’utiliser le même processus.
Moi, dans ma formation, j’invite souvent mes étudiants à utiliser le même outil pendant un certain temps, histoire de développer des automatismes, un processus qui se met petit à petit en place.
Un processus qui va, d’une certaine manière, vous éviter d’avoir à réfléchir à quoi faire, dans quel ordre, etc.
Par exemple, pendant des années, mon processus a été de travailler en noir et blanc sur une feuille A4.
Au-delà de ce format, je trouve que c’est trop grand, je m’y perds, et ça devient trop long.
Ensuite, je scannais ma feuille, je mettais bien le fond en blanc, et je rajoutais de la couleur en dessous.
Soit avec des taches que j’avais scannées séparément, soit directement dans Photoshop, avec des textures que je venais ajouter. C’est toute une tambouille, mais c’est ma tambouille à moi.
Il y en a plein qui font ça. Je sais que Lili KNK a aussi un peu la même tambouille.
Mais ce qui fait la différence, c’est les textures utilisées, le trait de dessin, etc.
Donc à vous de mettre en place votre propre processus.
Non seulement pour gagner du temps, mais aussi pour gagner en aisance. Et cette aisance, elle vous permettra de faire émerger plus rapidement votre style, parce que vous n’aurez pas cette charge mentale liée aux soucis techniques.
La deuxième chose qui va faire la différence quand on veut devenir illustrateur ou illustratrice professionnelle, c’est d’avoir un goût — et une connaissance — du milieu de l’illustration de commande.
Je pense que c’est hyper important de se tenir un minimum au courant de ce qui se fait aujourd’hui.
Et quand je dis ça, je ne parle pas forcément d’acheter des magazines hyper pointus. Si vous me connaissez un peu, vous savez que tout ce qui est pointu, hype, ce n’est pas trop mon truc.
Moi je suis plutôt dans le vieillot, le vintage.
Donc les magazines comme Étapes, par exemple, qu’on nous recommandait à l’école, ça ne m’a jamais trop parlé.
Ce n’est pas ça que je vous dis de faire.
Si c’est votre truc, bien sûr, faites-vous plaisir !
Mais vous n’avez pas besoin de ça pour vous tenir au courant de ce qui se fait aujourd’hui dans l’illustration.
Pour former votre œil, pour faire de la veille en illustration de commande, il suffit déjà de regarder attentivement autour de vous.
Dans la rue, sur les affiches, dans les vitrines, dans les magazines. Pas besoin de les acheter — vous pouvez faire des petites photos discrètement, on l’a tous fait.
Regardez les packagings, sur Instagram, en suivant des illustrateurs qui font de l’illustration de commande.
Tapez « agents d’illustrateurs » dans Google, regardez les projets qui sortent en ce moment.
Ces agents ont souvent des sections « news » sur leur site, où l’on peut voir les projets récents. C’est un super moyen d’avoir une vision réaliste du marché.
Et j’entends déjà certains dire :
« Oui mais moi j’habite à la campagne, je ne peux pas aller en ville pour observer les vitrines ou acheter des magazines… »
Pas besoin d’être en ville ou de dépenser de l’argent pour faire de la veille.
Vous pouvez très bien flâner dans les magasins près de chez vous. Ce qui compte, c’est de vous entraîner à observer, à analyser :
Pourquoi ça fonctionne ? Qu’auriez-vous fait à la place de l’illustrateur ou du photographe ?
Ça peut être dans les rayons de supermarché. Le secteur de l’alimentaire est hyper vendeur, parce qu’on mange tous, donc les marques alimentaires ont souvent de bons budgets.
Et si vous voulez combiner luxe et alimentaire, et que vous êtes à Paris ou de passage, faites un tour à La Grande Épicerie au Bon Marché.
Vous y trouverez des références alimentaires haut de gamme, avec des packagings super inspirants.
Il y a aussi la Maison Plisson, boulevard Beaumarchais.
Si vous êtes dans d’autres grandes villes, n’hésitez pas à chercher des petites épiceries pointues — c’est souvent une grande source d’inspiration.
Et bien sûr, il y a toujours Pinterest, Behance (si vous ne connaissez pas, allez voir !), Instagram…
Tout cela, vous pouvez le faire sans dépenser un centime.
C’est vraiment essentiel de former votre œil, de comprendre les codes visuels, les tendances, les palettes, les compositions.
Et ça vient avec l’observation, encore et encore.
En revanche, petite mise en garde : si vous passez trop de temps sur Instagram à suivre des illustrateurs qui galèrent… peut-être que ça vous rassure de voir que vous n’êtes pas seul.e — et ça, c’est ok.
Mais ce n’est pas une représentation réaliste du marché.
Ce n’est pas parce qu’il y a plein d’illustrateurs dans la même situation que vous que c’est la norme. Ce n’est pas forcément le reflet de la profession.
Donc, suivez plutôt de grands noms de l’illustration commerciale.
Allez voir les portfolios chez les agents, puis retrouvez-les sur Instagram pour voir comment ils communiquent, les projets qui sortent, etc. Ça vous donnera une vision plus réaliste du métier.
Personnellement, même si je regarde moins l’illustration de commande aujourd’hui qu’à l’époque, je reste très sensible à l’univers de la mode et de la beauté, parce que c’est celui dans lequel j’évoluais.
Et je constate que les marques de luxe restent très attachées au dessin à la main, malgré l’essor de l’illustration numérique.
Donc oui, le dessin fait à la main a encore de beaux jours devant lui.
Et si vous sentez que vous devez vous améliorer en dessin, entraînez-vous à copier certaines illustrations. C’est un bon exercice pour décortiquer le processus.
Moi je vous ai expliqué comment je bossais, en couches superposées, etc.
En copiant des illustrateurs ou illustratrices que vous admirez, vous allez peut-être mieux comprendre leur méthode, et améliorer la vôtre.
Mais attention : gardez vos copies dans vos carnets de croquis, sur des feuilles volantes, pour vous.
Ne les partagez pas sur Instagram.
D’abord, parce que c’est du vol. Ensuite, parce que ça ne dit rien de vous.
Même si vous créditez, les artistes copiés n’ont rien demandé, et cela vous positionne en tant qu’amateur ou amatrice.
Par contre, c’est un excellent exercice — alors faites-le si ça vous aide. Gardez-le juste pour vous.
L’objectif avec toutes ces observations et cet entraînement, c’est de digérer, d’analyser, d’affiner votre regard. Pour que ce que vous produisez ait à la fois du fond et du sens.
La troisième chose qui va faire la différence dans l’illustration de commande, donc en tant que professionnel, c’est d’avoir une posture claire et proactive.
Et ça commence par réfléchir à ce que vous voulez vraiment.
Première question à se poser : est-ce que vous voulez vraiment être illustrateur ou illustratrice ?
Parce qu’il y a une grosse différence entre aimer illustrer, aimer dessiner, faire des tutos sur Internet… et vouloir vraiment en faire son métier.
Quand on choisit cette voie, le ciblage — c’est-à-dire déterminer ce qu’on veut faire et pour qui — devient essentiel.
Par ailleurs, si vous voulez faire de l’illustration de commande, il est important de garder une posture claire.
Ne vous dispersez pas.
Je sais que, dans les débuts, quand on n’a pas encore de commandes, ça peut prendre du temps. Et dans cette période, on peut être tenté de faire plein d’autres choses :
ouvrir une boutique en ligne, participer à des marchés, faire des portraits sur commande, etc.
Je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut pas faire tout ça.
Mais ce sont des activités très différentes, avec des cibles différentes.
Et ça vous éloigne en fait de votre projet initial : travailler pour des marques.
Quand on pense « boutique en ligne », on pense plus à une clientèle de particuliers, souvent locale. Pareil pour les marchés.
Et tout cela finit par embrouiller vos objectifs de départ.
Et surtout : votre temps et votre énergie sont vos meilleurs alliés.
Donc, dans un premier temps, demandez-vous si vous voulez vraiment être illustrateur ou illustratrice professionnelle.
Deuxièmement : est-ce que vous voulez faire de l’illustration de commande parce que vous avez vraiment envie de travailler avec des marques ?
Ou est-ce que c’est juste parce que vous pensez que c’est le passage obligé ?
Et enfin, il est crucial de réfléchir à ce que vous voulez proposer dans votre portfolio : avec qui vous voulez travailler, quel genre de projets vous voulez réaliser, etc.
Ça passe par le fait de prendre le temps de se poser, de faire ce que j’appelle une « introspection créative ».
C’est un exercice très important que je propose dans ma formation à l’illustration de commande, parce que dans la vraie vie, on prend rarement le temps de faire ça par soi-même.
Et pourtant, c’est essentiel pour trouver de la clarté et savoir dans quelle direction aller.
Adopter une posture claire et proactive, au-delà de cette réflexion, ça veut aussi dire booster sa visibilité en multipliant votre présence en ligne.
Une fois que vous avez commencé à poser les premiers éléments de votre communication (par exemple un compte Instagram), l’idée c’est d’être visible sur plusieurs plateformes, plusieurs canaux, pour devenir un peu incontournable.
C’est vraiment un point commun que j’ai remarqué chez beaucoup d’illustrateurs et illustratrices que j’ai interviewés.
C’est aussi ce que j’avais mis en place à l’époque.
J’avais beaucoup de temps, les réseaux sociaux étaient moins nombreux qu’aujourd’hui. J’ai ouvert un compte Instagram, un site portfolio, j’étais aussi sur Facebook. J’ai essayé d’être présente un peu partout.
Et pour citer quelques illustratrices passées dans ce podcast : je me souviens que Blanchet et Laura Lhuillier disaient qu’elles avaient exactement fait pareil.
Alors, je ne vous dis pas de créer plus de contenu.
Mais vous pouvez tout simplement partager le même contenu sur plusieurs plateformes : Pinterest, TikTok, YouTube Shorts, etc.
C’est une stratégie simple, mais qui peut vraiment booster votre visibilité et permettre à plus de clients potentiels de vous découvrir.
Récemment, j’ai fait un sondage, et beaucoup de personnes m’ont dit qu’elles avaient du mal à trouver des clients, à bien prospecter, etc.
Ce que je dis souvent, c’est qu’au-delà de la prospection, il faut aussi compter sur le fait d’être trouvé.
Parce que vous ne pouvez pas toujours repérer les clients potentiels : il y a plein de projets qui ne sont pas visibles, de clients qui ne sont pas présents publiquement.
Il vaut mieux multiplier votre présence en ligne, pour qu’eux puissent vous trouver, même si vous ne les connaissez pas encore.
Encore une fois, je ne vous dis pas de devenir un pro de la vidéo ou des Reels. Mais réutilisez vos contenus sur d’autres plateformes.
Pinterest, par exemple, peut déjà suffire. Rien qu’en étant présent là, vous pouvez booster votre visibilité de façon significative.
Et parce que je sais que vous allez me poser la question :
Quels sont les canaux les plus intéressants quand on est illustrateur ou illustratrice de commande ?
Voici ma petite analyse.
Au-delà d’avoir un site web (qui est la base), les directeurs artistiques, chefs de projet, responsables marketing utilisent plusieurs canaux pour repérer des artistes :
- Instagram : ça reste le canal numéro un pour une recherche visuelle rapide et ciblée. Mais attention à ne pas l’utiliser n’importe comment. Si vous voulez faire de l’illustration de commande, utilisez-le comme un portfolio vivant.
Publiez vos illustrations, montrez les coulisses, votre univers… mais évitez de vous perdre dans les contenus trop humoristiques ou trop lifestyle, qui ne seraient pas pertinents ici. - Behance : c’est une plateforme toujours importante. Elle permet de présenter des projets complets, avec du contexte, plusieurs visuels, des croquis, les crédits clients, etc. Très utile aussi pour votre crédibilité.
- Pinterest et Google : beaucoup de DA ou d’équipes marketing font de la veille via ces plateformes. Ils cherchent des styles, des références, de l’inspiration. D’où l’importance d’y être présent aussi.
- Les recommandations internes : eh oui. Les clients aiment rester avec les artistes qu’ils connaissent déjà. Quand ça s’est bien passé une fois, ils n’ont pas envie de prendre des risques. Donc les bonnes collaborations débouchent souvent sur d’autres projets.
- TikTok : alors, ce n’est pas l’outil le plus adapté pour l’illustration de commande en général.
Mais si vous visez des marques très digitales, qui communiquent beaucoup sur TikTok, alors oui, elles peuvent être intéressées par des illustrateurs présents sur cette plateforme.
C’est logique, mais c’est un type de client particulier : des marques jeunes, modernes, très connectées.
En revanche, ce n’est pas un outil très pratique pour voir l’univers visuel d’un artiste d’un seul coup d’œil, contrairement à un portfolio classique.
Donc, pour résumer, maintenant qu’on a parlé de :
- Avoir un style ou un univers bien à vous
- Avoir un goût et une connaissance du milieu de l’illustration commerciale
- Avoir une posture claire et proactive
… la quatrième chose — et probablement la plus importante — c’est d’avoir un portfolio ciblé, professionnel et clair.
Comme je le disais, un portfolio, c’est d’abord un ensemble d’illustrations cohérentes.
Au début, ça peut être juste un PDF à envoyer aux clients. Vous n’avez pas besoin d’une centaine d’images ni de montrer tout ce que vous savez dessiner.
Ça, c’est une erreur fréquente chez les illustrateurs débutants : ils pensent qu’il faut montrer toutes leurs capacités.
Mais non ! Ça fait fouillis.
Il vaut mieux 6 illustrations bien choisies que 40 illustrations dans des styles différents. Sinon, c’est comme si vous demandiez au client de faire le tri à votre place.
C’est contre-productif.
Donc, faites une sélection claire, de projets qui montrent ce que vous voulez faire et pour qui vous voulez le faire.
Pour ça, il faut savoir à qui vous voulez parler, pour quel univers, quel type de clients, quel type de projets.
Et encore une fois : faire de la veille aide énormément à comprendre tout ça.
Un bon portfolio, ce n’est pas seulement ce que vous montrez, c’est aussi ce que vous choisissez de ne pas montrer.
Gardez bien à l’esprit que les clients vous demanderont des projets qui ressemblent à ce qu’ils voient dans votre portfolio.
Ce n’est pas qu’ils manquent d’imagination. C’est qu’ils ne veulent pas prendre de risques.
Donc si vous avez envie de faire des packagings de chocolats, par exemple, montrez des illustrations de packagings de chocolats !
Il y a des chances qu’une marque de chocolat dise :
« Ah, voilà, elle connaît notre univers, elle saura comprendre notre brief. »
N’ayez pas peur d’avoir une niche.
Je pense par exemple à une illustratrice — je n’ai plus son nom en tête, je suis désolée — qui s’est spécialisée dans… les vulves.
Oui, vous avez bien entendu.
C’est hyper pointu comme sujet, mais elle en a fait des livres, des produits dérivés. Ça cartonne sur Instagram. Elle a une grosse communauté.
Donc, n’ayez pas peur de foncer dans une spécialisation.
Oui, ça va vous fermer des portes.
Mais ça va vous ouvrir les bonnes portes, celles que vous voulez vraiment.
C’est hyper important.
Voilà les amis, c’est tout pour aujourd’hui.
J’espère que cet épisode vous a plu.
Ça m’a fait plaisir d’aborder ce sujet du mythe de l’artiste doué, parce que c’est quelque chose qu’on entend encore très souvent — et c’est un peu agaçant, parce que ça invisibilise beaucoup d’autres aspects plus importants dans ce métier.
Merci de m’avoir écoutée.
Si vous pensez que cet épisode peut aider quelqu’un qui veut se lancer dans l’illustration de commande, n’hésitez pas à lui partager.
Ça m’aide beaucoup, ça aide aussi le podcast à être plus visible, et à faire grandir la communauté.
Et n’oubliez pas : il y a de la place pour tout le monde sur le marché de l’illustration.
Partager vos connaissances ne fera pas d’ombre, bien au contraire.
Ça fera de vous quelqu’un de plus généreux, et ça aidera à faire circuler les bonnes pratiques dans le milieu.
Je vous souhaite une très belle journée, une très belle soirée.
Je vous embrasse, et je vous dis à la semaine prochaine pour un prochain épisode d’Illustration Podcast.
Prenez bien soin de vous. Bye bye !
SOUTENEZ LE PODCAST
L’avis de la semaine
Tous les secrets du métier
⭐⭐⭐⭐⭐
Podcast sincère et généreux qui rend le rêve de devenir illustratrice ou illustrateur accessible. La talentueuse Élodie vous explique comment aplanir tous les obstacles du chemin. Je recommande !
— malaig