Ce qu’il se cache derrière une carrière d’illustratrice
Si vous pensez qu’il faut être “parfait·e” en dessin pour se lancer dans l’illustration, cet épisode va peut-être vous surprendre. On parle souvent du talent et du style, mais rarement des coulisses : la structure, la formation continue, la pratique régulière… bref, tout ce qui fait qu’une carrière artistique tient la route sur le long terme.
Aujourd’hui, j’ai invité Clotilde Boucard, ancienne étudiante de la formation pour la 2ème fois sur le podcast pour une conversation sincère autour de son parcours. Elle nous partage comment elle a surmonté ses doutes en trouvant un univers et une palette bien à elle, et comment elle continue d’apprendre et de progresser. Parce qu’on n’arrive pas sur le marché en étant “prêt·e”, une carrière d’illustrateur·trice se construit en avançant, avec ses doutes et ses failles.
Écoutez cet épisode pour découvrir :
- L’histoire de Clotilde et ses débuts dans l’illustration
- Comment trouver son univers visuel et ce que ça change côté clients
- Les coulisses d’un quotidien d’illustratrice et l’importance de la veille et de la pratique
- Ses conseils pour dépasser la peur de ne pas avoir “le niveau” ou une audience déjà développée
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Retrouvez Clotilde sur la toile :
Dans cet épisode, j’ai parlé de :
Transcription générée avec l’intelligence artificielle (elle peut être incomplète par rapport à l’épisode).
Ëlodie : Coucou Clotilde, comment vas-tu ?
Clotilde : Très bien, et toi ?
Ëlodie : Super ! Je suis trop contente de te retrouver dans le podcast. Ça fait… quatre ans depuis ta première apparition !
Clotilde : Oui, déjà. Le temps file, et il s’est passé tellement de choses depuis.
Ëlodie : On va en parler. Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, tu peux te présenter ?
Clotilde : Je m’appelle Clotilde, j’ai bientôt 32 ans. Je suis illustratrice depuis 2021, date à laquelle j’ai créé mon entreprise. À côté, je travaille encore à temps partiel comme infirmière — c’est plutôt mon activité d’illustratrice qui complète pour l’instant. Je travaille à l’aquarelle, au crayon, et aussi sur tablette. Depuis 2021, j’ai des clients en édition, en presse, et quelques marques.
Ëlodie : Qu’est-ce qui t’a fait franchir le pas ?
Clotilde : Pendant le Covid, je me suis beaucoup remise à peindre et à partager mon travail — ce que je ne faisais pas avant. Les retours positifs m’ont encouragée. Et surtout, une papeterie londonienne, Paper City, m’a contactée pour une collection. C’est là que je me suis dit : « Ça vaut le coup de se lancer ». Sans cette opportunité, je ne sais pas si je l’aurais fait à ce moment-là.
Ëlodie : Donc ce premier contrat a été le déclencheur ?
Clotilde : Oui. Sinon, j’aurais peut-être commencé par vendre en boutique… Je ne savais même pas si je voulais des projets clients. Ça me paraissait lointain.
Ëlodie : Entre-temps, tu lances aussi une boutique en ligne ?
Clotilde : Oui, j’ouvre la semaine prochaine, lundi 22. Je l’avais déjà ouverte il y a trois ans — l’âge de mon petit garçon — puis je l’ai mise en pause, prise par les clients et la vie. J’ai envie de la relancer pour avoir un canal de vente qui m’appartient, sans dépendre uniquement des commandes.
Ëlodie : Et aujourd’hui, tu travailles surtout pour des clients pros ?
Clotilde : Oui. Des entreprises, de la presse, de l’édition, du packaging… C’est assez varié.
Ëlodie : Dans ma communauté, beaucoup hésitent à se lancer, persuadé·es de ne pas « avoir le niveau ». Tu leur dirais quoi ?
Clotilde : Le niveau, ça se travaille tout le temps. Je me sens encore parfois pas légitime, alors que j’ai déjà pas mal de projets. On apprend en permanence, techniquement et sur les sujets. Les commandes commerciales poussent à explorer des thèmes auxquels on n’aurait jamais pensé. On progresse tout au long de la carrière ; si on attend de « se sentir prêt·e », on ne se lance jamais. Et surtout : dans les métiers créatifs, l’important, c’est l’émotion. Si l’image touche, le « niveau » technique n’est pas tout.
Ëlodie : Je trouve ça très juste. La technique (anatomie, perspective…) n’est pas tout. Toi, tu joues beaucoup avec la couleur — c’est un vecteur d’émotion.
Clotilde : Dans mon process, je fais une base à l’aquarelle, puis j’ajoute des détails sur tablette. En ce moment, j’ai envie de plus d’imperfections « humaines ». Avec l’IA, le côté organique compte encore plus. Mon travail n’est pas parfait, bien sûr, mais j’ai envie d’assumer davantage l’imperfection du trait — le style évolue de toute façon avec le temps.
Ëlodie : Je viens de voir la newsletter de mon agent ; j’ai découvert Anick Poirier, qui travaille au pastel : c’est magnifique, très « humain ». Je pense que ces techniques vont être demandées, justement parce qu’elles s’éloignent du rendu purement numérique.
Clotilde : Oui, on sent que c’est fait par une personne. Et même sur logiciel, on peut chercher des textures organiques. Le support compte moins que la sensation.
Ëlodie : Ce qui est drôle : toi tu peins d’abord à la main puis tu rajoutes sur ordi, alors que d’autres (Laura par exemple) font l’inverse : dessin numérique, puis ajout de textures (café, etc.).
Clotilde : Oui ! Je crois que j’ai aussi peur d’« abîmer » mes aquarelles — j’y passe du temps, alors parfois je lisse trop ensuite. Il faut accepter de lâcher prise, de ne pas chercher la perfection.
Ëlodie : Je comprends : moi aussi je numérisais pour garder des « couches » et pouvoir revenir en arrière. Ça vient aussi de la commande commerciale : peu de droit à l’erreur, des changements de dernière minute…
Clotilde : Clairement. Un client peut redemander une autre couleur alors que la palette était validée. Il faut aller vite selon les deadlines, rester flexible et trouver le juste milieu entre tradition et numérique.
Ëlodie : Ton style a beaucoup évolué. Au début, très « green », d’ailleurs tu avais « The Green Factory ». Tu es revenue à ton nom, et récemment il y a eu beaucoup de rose — même si ta série d’automne s’en détache un peu.
Clotilde : Oui. On change avec le temps ; mes envies évoluent. Je fais pas mal de veille, car je veux faire de l’illustration commerciale : ça guide les sujets (plus de personnages, de paysages…). J’ai eu une phase très rose, une couleur que je n’utilisais pas avant. Ça bouge, et c’est chouette.
Ëlodie : Des ressources de veille à recommander ?
Clotilde : Pinterest, que j’adore — même si ça ne reflète pas tout le marché. Je regarde beaucoup les sites et newsletters d’agences d’illustration. J’aime les magazines et blogs orientés image. Et évidemment je suis beaucoup d’illustrateurs et d’illustratrices.
Ëlodie : On me dit parfois que suivre trop de consœurs/confrères pousse à la comparaison ou à copier.
Clotilde : Il y a des phases où c’est bien, d’autres où il faut arrêter de regarder. C’est intéressant pour comprendre des process, pas pour copier. Et parfois, pour préserver sa créativité, mieux vaut se concentrer sur soi, son chemin, se rappeler d’où l’on vient. Par exemple, j’avais démarché des agences il y a deux ans ; j’ai recontacté cette année et j’ai eu honte de ce que j’avais envoyé à l’époque — c’est normal, on évolue.
Ëlodie : Oriane Marie expliquait qu’elle prospectait tous les six mois ; au bout de la troisième fois, Télérama l’a contactée (sans répondre aux mails précédents). L’important, c’est d’envoyer du neuf à chaque relance.
Clotilde : Exactement. Je me répète souvent : patience et persévérance. Se remettre en question et continuer.
Ëlodie : Tu dirais que tu as trouvé ton univers ?
Clotilde : C’est l’addition de ce que j’aime : les petites choses du quotidien et, surtout, les saisons. Elles rythment mon année et mes créations. Mon énergie change avec elles : palettes plus chaudes à l’automne, etc.
Ëlodie : Parlons de ton quotidien. Tu es aussi infirmière — à quoi ressemble une journée type ?
Clotilde : Mon rythme est chaotique. Par exemple, ce matin j’étais de service à 6h30 jusqu’à 14h. En rentrant : mails, puis selon la période je travaille sur les commandes clients ou sur la boutique. Quand c’est plus calme côté clients, je peins pour moi, j’expérimente, je démarche. Cet été, j’ai refait tout mon site (mon thème était obsolète), avec Elementor Pro : ça m’a bien occupée. Bref, c’est très fluctuant : commandes, site/boutique, prospection, création perso.
Ëlodie : Et la communication ?
Clotilde : C’est par phases. J’ai du mal à être constante. Depuis la rentrée, j’essaie d’être plus présente en stories et de poster une à deux fois par semaine (au minimum une). Communiquer est indispensable — ça prend du temps, mais c’est crucial.
Ëlodie : D’autres canaux que les réseaux ? Blog, newsletter ?
Clotilde : J’ai un blog sur mon site et j’aimerais publier plus régulièrement. La newsletter aussi me tente depuis longtemps — ce serait utile pour des client·es, et encore plus avec la boutique — mais ça demande du temps. Je préfère poser les jalons pas à pas et garder un équilibre.
Ëlodie : Tu sens que poster moins te pénalise ?
Clotilde : Les échanges me manquent quand je suis moins présente, et Instagram reste un bon vecteur pour trouver des clients (les gens prospectent aussi là-bas). J’ai déjà des commandes, mais être plus régulière aiderait sûrement. Mon compte sert de portfolio : quand on l’ouvre, on comprend ce que je fais. Pour mes clients pros, l’important est qu’on voie de l’activité — pas une dernière publication vieille de trois ans. Les chiffres peuvent être déprimants ; il faut prendre du recul. Et je ne veux pas être créatrice de contenu : mon but, c’est l’illustration.
Ëlodie : Beaucoup trouvent la prospection intimidante : qui contacter, comment ? Tu fais comment ?
Clotilde : Principalement par mail. En début d’année, j’ai envoyé 50–60 mails : c’est long, et il faut personnaliser. Je me renseigne sur la marque, je propose des pistes cohérentes avec son univers, je fais une vraie sélection. Instagram, un peu, mais moins. J’ai une liste de clients « rêves » que j’alimente aussi en observant quels projets d’autres illustrateurs me font envie. Ensuite, je lance une « session » de démarchage. Il ne faut pas avoir peur : ils ont besoin d’illustrateurs autant que nous d’eux. Ce ne sont pas nos « boss » : on présente ce qu’on fait, et on voit si ça colle.
Ëlodie : Et la relance ?
Clotilde : C’est la question !
Ëlodie : Je conseille tous les trois mois si tu as du neuf à montrer ; sinon, tous les six mois. Après trois-quatre relances sans suite, fais une pause d’un an, puis retente avec un travail évolué. Tant qu’on ne te dit pas non, la porte n’est pas fermée.
Clotilde : Oui. Le plus frustrant, c’est les réponses tièdes : « On garde sous le coude, on vous redit ». Ce n’est pas un refus, donc je le prends positivement. Et j’ai eu des retours grâce à la prospection — je ne sais pas si ces clients seraient venus d’eux-mêmes. Il faut continuer à envoyer.
Ëlodie : Pour les personnes qui hésitent à rejoindre ma formation Illustration Atelier (les portes sont ouvertes quand cet épisode sort), tu dirais quoi ?
Clotilde : Pour me professionnaliser, j’ai suivi des formations. Je venais d’un autre milieu, j’avais besoin de bases. C’est un investissement que je ne regrette pas : les modules sont variés (j’avais adoré « Trouver son style », « Stellar Birds »), on est guidé pas à pas, et ça aide à se sentir plus légitime. Franchement : foncez.
Ëlodie : Côté actu : parle-nous de ta boutique — et des projets !
Clotilde : La boutique en ligne ouvre le 22 septembre. J’y propose affiches, cartes postales, stickers. J’imprime tout moi-même à la maison. Côté clients : un projet de coques de téléphone va démarrer, et une maison d’édition m’a contactée pour une couverture de livre — ce sera pour le début de l’année prochaine.
Ëlodie : Trop chouette et très varié ! Franchement, tu peux être fière : tu as mené tout ça tout en étant maman. J’adore suivre ton évolution : ton style reste dans l’air du temps.
Clotilde : Je crois que c’est parce que je regarde ce qui me plaît et ce qui se fait, sans perdre de vue mes goûts. J’aime aussi beaucoup la déco intérieure ; les tendances m’influencent certainement.
Ëlodie : Tout est lié : mode, déco, illustration, photo… C’est bien d’avoir un œil ouvert sur ces domaines : ça t’évite d’être « à côté » du marché.
Clotilde : Oui, ça fait la différence.
Ëlodie : Merci pour tout, Clotilde. J’espère que cet échange inspirera les illustrateurs et illustratrices en herbe. Félicitations pour ton parcours — et hâte de voir la suite !
Clotilde : Merci à toi, et à très bientôt sur les réseaux.
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Bonjour, Je suis Élodie depuis plusieurs années. C’est une passionnée par son métier, elle a la générosité de nous partager son savoir et ses connaissances sur le métier d’illustratrice. Des podcasts au top !!! Et si vous la suivez sur Instagram ou que vous avez déjà passé une commande sur son site, vous savez qu’Élodie est d’une grande gentillesse !! Je vous conseille de la suivre 😉
— GaëlleG74